Château

La Coquille

Le château

Le vaste plateau de sables et d'argiles du tertiaire qui englobe la Double et le Landais vient se butter là, sur la florissante frange calcaire de la Côte Montravel, qui borde la Dordogne, entre Sainte-Foy-la-Grande et Castillon-la-Bataille : nous sommes au pays de Gurçon ! L'histoire de ce vieux comté prestigieux, à cheval sur le Périgord et le Bordelais, d'un côté comme de l'autre, est trop souvent traitée avec autant de méconnaissance que son généreux vin blanc, fin et bouqueté, si agréable pourtant...

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La Coquille siège là, sur ces crêtes où la vigne se retire tout doucement, où s'échelonnent de mélancoliques moulins à vent, privés depuis longtemps de leurs ailes, et dont le visage rappelle ainsi un peu du pays de Montcuq autour de Monbazillac. C'est une demeure du Grand Siècle qui s'ordonnance avec deux longues ailes de dépendances, autour d'une esplanade dallée, cintrée majestueusement de part et d'autre du portail d'entrée. Les communs de l'Est sont centrés sur une tour-porche datée 1688, ceux de l'Ouest sont du siècle suivant. Dans l'axe, le pavillon central s'articule autour d'une unique travée magistrale, d'esprit encore presque Renaissance ; au-dessus de la porte, au corpulent chambranle en bec de corbin entouré de bossages chanfreinés, se succèdent entre deux éléments de corniche, un fenestron oblong éclairant l'entrée, un fronton en plein cintre se découpant dans l'allège suivante, une baie fortement barlongue percée dans un panneau de bossage, qui se prolonge au niveau du brisis. Cet ordonnancement redondant, qui développe un vocabulaire exubérant, serait naïf si la sobriété de tout le reste de l'édifice ne venait boire à sa surabondance et lui conférer, en le diffusant, une incomparable dignité.

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Rare exemple de stabilité des volumes et des aspects, La Coquille est un échantillon du plus haut intérêt, d'une maison du XVIIème siècle, agrandie au XVIIIème, à peine effleurée sous le Premier Empire, et restée, depuis, vierge de toute transformation. Cette demeure atteint ainsi une qualité "archéologique". La conservation d'un dallage d'origine - rarissime survivant, nous indique, dans la vaste cour, un plan d'écoulement des eaux sophistiqué. Le respect des objets contenus dans les dépendances (tels que la balance dîmière seigneuriale de l'ancien régime, datée de 1675, toujours en état de fonctionner), l'authenticité des couvertures, des menuiseries, des parois, restent un témoignage de grande valeur.

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Jean Molliné (1779-1854) racheta La Coquille en 1808. Ses petits-enfants, Léopold et Octave Molliné, récoltaient, à la Belle Époque, 13 tonneaux d'un rouge "bon vin de table, assez coloré et corsé", de l'avis de Féret, et "quatre ou cinq hectolitres seulement d'un blanc pourtant excellent".

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